Le grand ménage ou nettoyage de printemps est une tradition dans de nombreuses religions et cultures. Petit tour d’horizon de cette pratique ancestrale.

En Chine, une coutume millénaire

Une semaine avant le Nouvel An Chinois, et plus exactement le 24ème jour du dernier mois lunaire en Chine, tout le monde s’y met ! Femmes, Hommes (si, si 😉 ) et enfants s’attellent à nettoyer la maison du sol au plafond. On lave également tous les ustensiles de cuisine et les vêtements. Ce qui est usé, cassé, ou trop vieux est jeté.

Au-delà de ce nettoyage « physique » le nettoyage de printemps symbolise le passage à l’année nouvelle. Il s’agit de chasser, avec la poussière, les mauvaises choses du passé. C’est un appel à la chance pour la nouvelle année, qui est effectué par tous dans la joie et l’espoir du meilleur à venir.

Cette année a commencé le 12 février 2021, l’année du Buffle de Métal. Elle se terminera le 31 janvier 2022.

En Bulgarie : « Blagovetz »

Le 24 mars, veille de Blagovetz (Fête de l’Annonciation), était le jour de grand nettoyage des maisons, des jardins et des cours. On brûlait les ordures. Les garçons sautaient par-dessus le feu, ce qui était censé les protéger des piqûres et morsures des animaux. Les filles passaient dans les rues en chantant des chansons sur le coucou, annonciateur du printemps.

Cette journée de grand nettoyage était suivie d’une journée de fête. L’un des rites consistait à allumer un grand feu dont le but était de chasser les serpents et les lézards que l’on faisait fuir à grand bruit de tisonnier et objets en ferraille, en parcourant les quatre coins du jardin.
C’est aussi le jour de Blagovetz que l’on perçait les oreilles des filles croyant que, ce jour-là, les plaies guérissaient très vite .

Puis l’on poursuivait la fête en chantant et en mangeant.

Les coucous, hirondelles, cigognes et tous les oiseaux migrateurs arrivés jour de Blagovetz apportaient la bonne nouvelle de la fin de l’hiver et de l’arrivée du printemps.

Pessa’h

La fête de Pâques (Pessa’h, en hébreu « passer par-dessus ») est l’une des fêtes les plus importantes pour les Juifs. Elle commémore avant tout la fête de la liberté du peuple juif. Sa date varie selon les années et elle dure une semaine entière. En 2021, elle aura lieu du 27 mars au 4 avril.

Elle donne lieu à plusieurs rituels dont celui de la chasse au ‘Hamets, c’est-à-dire tous les produits fermentés à base de blé, orge, avoine, seigle et épeautre. C’est l’occasion d’un grand ménage de la maison destiné à la purifier. Tout le ‘Hamets doit être donné, vendu, ou détruit. La veille de Pessa’h, toute la famille s’emploie à éliminer les dernières miettes de façon à ce qu’il n’en reste plus aucune pour le jour de Pâques.

Cette période est accompagnée d’une réflexion spirituelle et personnelle.

En Alsace : l’Osterputz

Ospterputz signifie littéralement « nettoyage de Pâques ». C’est une vraie tradition alsacienne.

On profite des premiers rayons du soleil pour aérer les couettes, pousser les meubles et traquer la poussière dans les moindres recoins, on nettoie, on cire les parquets, on purifie la maison.

Mais c’est bien plus qu’un grand ménage de printemps individuel. A l’heure actuelle, de nombreuses communes appellent à un Osterputz citoyen : tout le monde s’y met, petits et grands, pour nettoyer les espaces publics, chemins et parcs. Dans les villages, cette journée se termine parfois par un moment convivial autour d’une collation.

D’un point de vue spirituel, l’Ospterputz, qui se déroule pendant le carême, est aussi l’occasion de se purifier intérieurement, corps, âme et esprit.

Au Japon «Osōji»

A l’origine, une tradition de l’époque d’Edo (1603-1867), où l’on nettoyait le château d’Edo de fond en comble tous les 13 décembre. Cette coutume, alors nommée Susuharai, (ce qui signifie « enlever la suie »), a perduré de siècle en siècle.

A l’heure actuelle, il est de tradition, pour accueillir le Dieu de la Nouvelle Année, de pratiquer l’Osōji durant les derniers jours de décembre (le nouvel an est la fête de famille la plus importante pour les Japonais).

C’est un véritable rite de purification de la maison, du bureau et même de l’école. On nettoie tout ce qui peut être nettoyé, on trie, on jette ce qui est inutile ou abîmé, on remplace le papier des Shōji (portes coulissantes), on aère les tatamis. La maison et le bureau sont nettoyés de fond en comble, pièce par pièce, du sol au plafond.

Chacun y met du sien. Toute la famille se retrouve pour ce grand nettoyage, des plus jeunes aux anciens. Ainsi, tout doit être prêt pour l’Omisoka (réveillon du 31 décembre). Il n’est, en effet, pas envisageable de commencer la nouvelle année avec des impuretés accumulées quelles qu’elles soient, de la saleté aux dettes que l’on prend soin de liquider auparavant.

Elle a lieu également dans les temples bouddhistes et les sanctuaires shintô où ce grand ménage symbolise également la chasse aux mauvais esprits.

On l’aura compris, cette tradition allait bien au-delà du simple fait de nettoyer. C’était l’occasion d’échanges, de partage, mais aussi parfois d’une réflexion personnelle et spirituelle accompagnant l’énergie nouvelle du printemps.

L’air et la manière vous accompagne dans l’organisation de vos espaces de vie et de travail, dans votre organisation personnelle et familiale.

© L’air et la manière 2021

Rangement printemps